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Problèmes de santé mentale : les assureurs explorent de nouvelles solutions

Des compagnies d’assurance vie s’activent à trouver des solutions pour ramener au travail les employés en congé de maladie en raison d’un problème de santé mentale.

Financière Sun Life, Manuvie et Green Shield Canada se sont penchées sur divers projets, notamment en matière de thérapie de pleine conscience et de pharmacogénétique, qui mesure l’influence du génotype sur un traitement médicamenteux.

Si l’on tient compte du cout des soins de santé et de la perte de productivité, la santé mentale représenterait un fardeau économique de 51 milliards de dollars par année, au Canada, estime le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH). Chaque semaine au pays, au moins 500 000 titulaires d’un emploi ne peuvent pas travailler en raison d’un problème de santé mentale.

L’été dernier, la Sun Life a amorcé un partenariat avec le CAMH et Assurex Health en misant sur la pharmacogénétique pour aider les personnes ayant un problème de santé mentale à trouver le médicament leur convenant le mieux. CAMH et Assurex ont ainsi élaboré une étude qui utilise la salive d’un sujet pour déterminer comment ses gènes réagiront à certains médicaments.

JeanMichel Lavoie, vice-président adjoint, conception de produits, garanties collectives, chez Financière Sun Life, mentionne que sa compagnie s’intéresse depuis un certain temps à la pharmacogénétique. L’entreprise a créé un programme pilote pour aider les employés aux prises avec un problème de santé mentale à repérer le médicament leur convenant le mieux et ayant le moins d’effets secondaires en vue, à toutes fins utiles, de faciliter leur retour au travail.

Une médecine personnalisée

La pharmacogénétique est un type de médecine personnalisée qui se penche sur la personne en tant que telle et non sur la maladie. Ainsi, au lieu de développer un médicament qui fonctionnera auprès d’un grand nombre de personnes, comme c’est actuellement le cas de nombreux médicaments, ce type de médecine se fonde sur la science du développement de médicaments individuels.

« C’est ici qu’il y a vraiment du changement, dit M. Lavoie. Les nouveaux médicaments qui sortent sont très ciblés. Ils visent des affections très précises ou des gènes spécifiques. L’époque où tout le monde consommait un médicament vedette dont on se contentait de modifier la dose est révolue. »

M. Lavoie signale que la participation à l’essai clinique de Sun Life est volontaire. Chez l’assureur, le gestionnaire de cas est libre d’identifier les personnes qui, selon lui, bénéficieraient du test génétique. Si la personne accepte, elle est mise en relation avec le CAMH, qui effectue le test en laboratoire. Les résultats de chacun ne sont pas communiqués à la Sun Life, mais au médecin traitant. S’il faut faire ou modifier quoi que ce soit, le participant au régime et le médecin s’en occupent.

Sun Life évalue un déploiement pancanadien

Sun Life aura toutefois accès aux résultats cumulés lui permettant d’établir certains pourcentages, soit ceux des personnes qui acceptent de passer le test, qui s’y présentent, chez qui on décide de faire un changement de régime ou de posologie et qui retournent au travail. M. Lavoie affirme ne pas s’attendre à disposer d’un résultat statistique exact avant la mi-2018, voire plus tard. Si le programme s’avère concluant, il dit qu’il pourrait être déployé dans tout le pays, peut-être en collaboration avec un autre partenaire.

« En tant qu’employeur, Sun Life met à l’essai des façons de faire que nous pourrions diffuser auprès d’autres employeurs et employés confrontés à une problématique de santé mentale », dit M. Lavoie.

Il souligne qu’en 2016, Sun Life a élargi la protection de ses propres employés en matière de santé mentale. L’assureur a augmenté la somme dont ils disposent chaque année par l’entremise de leur régime d’avantages sociaux pour consulter un psychologue, un psychothérapeute, un thérapeute ou un conseiller.

Sun Life tente actuellement d’établir une norme que la plupart des PME appliqueront auprès de leur personnel en matière de dépenses en santé mentale. Rappelons que les grandes entreprises, comme les banques et certaines compagnies d’assurance, ont des régimes d’avantages sociaux flexibles en vertu desquels le client décide de la façon dont il dépensera son enveloppe.

Manuvie a annoncé l’arrivée d’un certain nombre de programmes pilotes répartis sur 12 mois en vue d’aider les participants au régime à obtenir plus rapidement le traitement de problèmes tant musculo-squelettiques que de santé mentale – les deux principales raisons d’absence au travail.

Cori Lawson-Roberts est vice-présidente adjointe, nationale, invalidité, auprès de Manuvie. Elle explique que l’assureur vise à s’associer avec les fournisseurs adéquats qui pourront communiquer plus rapidement avec les employés éprouvant des difficultés au travail, afin que ces derniers puissent reprendre une vie normale le plus rapidement possible. L’un des essais cliniques comprend des tests pharmacogénétiques visant à la fois la santé mentale et le soulagement de la douleur chronique.

Manuvie mise sur une thérapie

Manuvie mène aussi un essai clinique permettant aux patients d’accéder directement à une thérapie cognitivocomportementale virtuelle. Il s’agit d’une thérapie qui aide les gens à développer des habiletés et des stratégies pour devenir et demeurer en santé en se penchant sur des difficultés qui surviennent dans leur vie de tous les jours. Mme Lawson-Roberts explique que, dans le cadre de cet essai clinique, les participants auront accès à un psychologue par téléphone ou par ordinateur.

En Ontario, Manuvie met à l’essai un programme qui comprend soit une thérapie en personne, soit une thérapie virtuelle ou assistée par un thérapeute offerte par un programme appelé Beacon. Ce programme permet aux patients de faire des exercices sur papier et d’évaluer leurs résultats dans le cadre de leur plan de traitement. Le tout se fait par téléphone ou à l’ordinateur de façon confidentielle et sécuritaire. Manuvie permettra ainsi aux patients de communiquer par texto avec leur thérapeute durant 12 semaines.

L’assureur fait aussi l’essai d’un projet pilote visant à procurer aux personnes souffrant de dépression majeure des soins concertés. Le but est qu’ils les obtiennent plus tôt.

Mme Lawson-Roberts mentionne que Manuvie compare les demandes d’indemnisation des projets pilotes à celles des autres programmes. Afin de déterminer si le partenariat avec ces spécialistes permettra de raccourcir les absences pour invalidité et d’aider les employés à retrouver leur vie normale et retourner au travail. « Nous sommes constamment à la recherche de programmes qui aideront nos clients et leurs employés à se remettre d’une invalidité et à retourner au travail. »

Green Shield mise sur la pleine conscience

Green Shield Canada s’est attaqué à la douleur chronique et à la dépression en misant sur l’approche thérapeutique de la pleine conscience. L’entreprise a lancé en décembre un programme préventif de santé mentale accessible en ligne. Il comporte six volets de pleine conscience offerts sans frais aux 1,2 million d’adhérents à son régime. Initialement proposée par le bouddhisme, la pleine conscience est devenue une pratique occidentale qui amène à aborder différemment les pépins de la vie courante en vue de mieux réduire le stress, l’anxiété, la douleur chronique et la dépression.

Peter Gove, responsable de l’innovation en santé de Green Shield, explique que les gens sont de plus en plus anxieux, surtout les jeunes. Cela peut entrainer des problèmes plus importants par la suite, surtout si aucun traitement n’est intenté.

Les résultats des recherches sur la pleine conscience s’avèrent mitigés, dit M. Gove, mais généralement positifs. Green Shield a lancé il y a deux ans le portail santé Changer pour la vie, un système de récompenses qui recommande des changements de comportement pour inciter les participants à améliorer leur santé. L’un de programmes actuellement accessibles du portail est une série de six séances sur la pleine conscience.

M. Gove mentionne que l’on devrait considérer le programme comme faisant partie d’un traitement associé à la prise d’antidépresseurs. « Il existe de bonnes preuves que les antidépresseurs visent certains troubles. Le taux de consommation de ces médicaments est beaucoup plus élevé que la prévalence des troubles en question, dit-il. Nous ne prétendons absolument pas qu’il s’agit d’un substitut aux antidépresseurs. Ce que nous disons, c’est que c’est un complément adéquat. »

M. Gove mentionne que Green Shield conservera les données issues du programme. Elles seront étudiées dans six mois environ.

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